Coronavirus : quels impacts pour les banques et entreprises ?
300 milliards d’euros ? C’est le budget annoncé par Emmanuel Macron afin de venir en aide aux entreprises tricolores et cela avec l’aide des établissements bancaires. Un montant conséquent mais juste, puisqu’à titre de comparaison lors de la crise de 2008 l’ancien président Nicolas Sarkozy avait annoncé que 360 milliards d’euros seraient débloqués pour sauver les banques françaises. Mais à quoi correspond réellement ce montant et quelles seront les mesures prises, afin d’aider les entreprises touchées par cette crise sanitaire ?
DES ENTREPRISES INQUIÈTENT POUR LEUR AVENIR
Si la croissance du PIB prévue sur le premier trimestre 2020 était de 0,3 %, elle serait en réalité autour de 0,1% d’après les experts. Une baisse considérable qui provient non pas des résultats de janvier et février mais des anticipations pour les semaines à venir. Cette baisse de l’activité entraîne pour beaucoup d’entreprises des prises de décisions importantes. L’une d’elles repose sur le recours au chômage partiel. En effet, ce dispositif qui couvre l’ensemble des salariés au-delà d’un SMIC représentera pour le gouvernement un coût de 8,5 milliards d’euros sur 2 mois. L’Etat prévoit aussi le report des charges fiscales et sociales, soit plus de 32 milliards d’euros pour le mois de mars.
La France comme de nombreux pays est au ralenti et cherche par tous les moyens à aider les entreprises. Mais du côté des banques qu’en est-il ? Rappelons que plus d’1,1 million de PME se financent par le crédit bancaire. Le secteur de la banque qui essaye tant bien que mal de s’en sortir possède certaines ressources afin d’accompagner les entreprises dans cette période. Par exemple, le “coussin contracyclique” qui représente une réserve supplémentaire de capitaux pour faire face à un retournement de la conjoncture financière est une des mesures qui sera appliquée. Mais quelles seront les autres ?
COMMENT LES BANQUES S’ADAPTENT À CE CHANGEMENT ?
Circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles et ça les banques l'ont bien compris. Elles ont adapté leur organisation interne et externe, puisqu’elles ne font pas partie des lieux publics qui doivent être fermés, sur décision du gouvernement. En effet, tous les collaborateurs pratiquent le télétravail comme dans beaucoup d’autres secteurs. De plus, les équipes sont divisées, des sites de repli et des rotations afin d’isoler les collaborateurs dans différents espaces sont mis en place. Les réunions physiques ont été supprimées et remplacées par des réunions via visioconférence, et les voyages à l’international ont été suspendus.
Du côté du personnel confronté au public et à diverses sources de contamination, le SNB/CFE-CGC (premier syndicat du secteur bancaire) a obligé le port du masque, de gants jetables et l’utilisation de gel hydroalcoolique pour tous les employés. Des mesures nécessaires pour sécuriser les agences. Mais si elles restent pour le moment ouvertes, le taux de fréquentation des clients particuliers et entreprises pourrait sensiblement baisser.
DES ÉTABLISSEMENTS BANCAIRES RÉACTIFS
L’une des principales mesures mises en place par les établissements bancaires concerne l’instruction de crédit. En effet, les banques reporteront jusqu'à 6 mois le remboursement de prêts. De plus, aucune pénalité, ni frais additionnels ne seront appliqués. Puis, elles appliqueront en urgence les demandes de crédits en cas de problème de trésorerie. Car “aujourd’hui, la trésorerie c’est l’essentiel des demandes” assure Christèle Salmon, directrice du marketing et de la communication au Crédit Agricole du Morbihan.
Du côté de BPI France, la banque publique d’investissement prévoit certaines mesures afin d’aider les entreprises. La première est de suspendre le paiement des échéances de prêts accordés comme le font les banques traditionnelles. Cette mesure permettra aux entreprises de garder leur trésorerie et d’effectuer les remboursements de prêts une fois l’activité relancée.
L’établissement prévoit aussi des prêts sans garantie de 3 à 5 ans, de 10 000 € à plusieurs dizaines de millions d’euros qui seront assortis d’un différé de remboursement de capital. Enfin, la mobilisation de l’ensemble des factures est une mesure qui permet de donner aux entreprises une échéance plus longue pour le paiement de leurs factures.
Des mesures conséquentes, qui permettront aux entreprises de garder de la trésorerie pour payer les salariés en chômage partiel notamment.